jeudi 14 octobre 2010

De Trieste a Sarajevo.

Mercredi 13 Octobre, Jour 37.


Nous quittons Bascir et partons a pied vers l'entree d'autoroute. Sans plan de Trieste, il nous faut marcher un peu au hasard. Au bout d'une heure, nous finissons par tomber sur ce qui semble etre l'autoroute mais il nous faut encore marcher une autre heure dans un labyrinthe de bretelles avant de trouver la direction de Ljubljana. Nous faisons du stop sur une route tres etroite et pas du tout adaptee. Une voiture s'arrete pour nous sortir de ce mauvais pas. Elle nous depose a la frontiere entre l'Italie et la Slovenie, ou nous reprenons le stop. Deux types louches nous proposent de nous emmener contre de l'argent. Non merci! Un automobiliste s'arrete finalement et nous fait signe de monter. Il va a ljubljana. Nous decouvrons alors la Slovenie, recouverte de forets (55% du territoire!) et de montagnes. Le paysage est splendide en ce debut d'automne!
Notre arrivee a Ljubljana marque la moitiee de notre route vers Istanbul. Surtout, nous entrons dans le premier pays de l'ex-yougoslavie. Cela va changer de la France et de l'Italie, pays que nous connaissions, avec une culture similaire et des langues latines. La Slovenie est notre dernier pays avant les Balkans, une sorte de transition. Nous decouvrons tout d'abord la langue qui, a quelques variantes pres, vas nous suivre pour le prochain mois de route. Nous faisons egalement connaissance avec le Burek, met delicieux que nous allons pouvoir trouver partout dans les Balkans. Nous partons a la recherche de l'appartement de nos hotes, Igor et Martina. Nous y allons en bus et finissons par trouver leur sonnette. Ils nous acceuillent et semblent ravis de recevoir des invites. Nous sommes leur premiere experience de CouchSurfing. Nous nous entendons tout de suite tres bien avec eux. Plusieurs de leurs amis passent a leur appartement jusqu'au soir. Nous faisons ainsi la connaissance de nombreux slovenes. Ils parlent tous un tres bon anglais mais nous apprecions egalement les ecouter parler Slovene. Cela nous permet de nous familiariser avec la sonorite de cette langue. Ils nous apprennent les quelques mots essentiels (bonjour, au revoir, merci, pardon, les chiffres, ...).


 

Le lendemain, nous partons visiter la ville. Ljubljana est la capitale d'un pays de 2 millions d'habitants est ne compte pas plus de 200 000 ames. C'est donc une toute petite capitale, tres calme. On a l'impression de se promener dans un village dans le centre et il est possible d'aller partout sans bus car les distances sont courtes. Le cadre est tres agreable car Ljubljana est situee au milieu des montagnes et est coupee par une petite riviere. Les couleurs changent de l'Italie avec des facades dans des tons pastels, jaunes, verts ou bleus, ce qui est tres reposant.
Nous retrouvons Martina puis Igor qui nous emmenent dans leurs endroits preferes, le long de la riviere, puis dans un cafe du centre. Nous passons devant l'hotel de ville, qui est minuscule pour une capitale, mais si joli. Nous terminons la visite en montant au sommet de l'immeuble le plus haut de la ville pour avoir un point de vu ideal. Tout autour de la ville, nous pouvons voir la fin de la chaine des Alpes.

Le soir, ils nous emmenent a Metelkova, ou ils ont l'habitude d'aller boire des verres. C'est un endroit super avec des sculptures de partout et beaucoup de monde. Nous avons pas mal picole mais pas paye un seul verre. Le Slovenes savent recevoir!



Nous sommes tristes de quitter Igor et Martina et ils semblent egalement nos laisser partir a regret. Un bus nous emmene jusqu'a l'entree de l'autoroute. Nous attendons une bonne demi heure avant qu'une belle berline ne se range sur le bas cote. A partir de la frontiere Slovene, seul de belles voitures s'arretent, ce qui est le contraire de la France et de l'Italie. Le monsieur nous emmene jusqu'a Novo Mesto, pres de la frontiere Croate. Il nous depose a la l'entree ouest de cette ville,  alors que tout les gens souhaitant la quitter pour aller a Zagreb sortent logiquement par l'est. Nous sentons que nos allons avoir du mal a repartir mais un jeune s'arrete et accepte de nous emmener jusqu'a la prochaine aire de service. Sauves! Nous n'avons aucun mal a trouver une troisieme voiture qui nous emmene jusque Zagreb.


Zagreb est la capitale de la Croatie mais ne reflete pas vraiment le niveau de developpement de ce pays car c'est la cote qui est la plus riche grace au tourisme. C'est une ville terne et pas franchement jolie. La cathedrale est en travaux et n'est pas exceptionnelle. Nous y avons vu une tres belle eglise orthodoxe et quelques ruelles agreables dans la vieille ville, mais le reste est gris et fait tres ex-URSS. La ville a ete abimee par la guerre. Pas mal de batiments en portent les stigmates. Nous avons pu assister a une representation de chants et danses folkloriques sur la grand place.
A part ca, Zagreb ne laissera pas un souvenir imperissable dans nos memoires! Nous avons loge chez Petra, qui ne s'est pas revele etre non plus notre meilleure experience de CouchSurfing. Elle etait tres acceuillante mais ses centres d'interet etaient tres eloignes des notres et elle avait assez peu de choses a nous dire sur la Croatie et Zagreb. Elle semblait plus passionnee par Paris... De plus, elle semblait vivre la nuit. Nous sommes arrives chez elle epuises et elle voulait que nous l'accompagnions faire la tournee des bars, peu rassuree de nous laisser chez elle en son absence. Elle accepte de nous laisser finalement.
 Elle est rentree a 7 heure du mat', ce qui ne nous a pas fait regretter de ne pas l'avoir suivie. Cette etape nous a permis de recharger les batteries et de nous laver. Nous repartons donc frais et reposes en direction de Sarajevo.





Nous Faisons du stop a la sortie de Zagreb, sur une route ou les voitures roulent vite. Nous apprehendons pas mal cette etape car le reseaux routier de Bosnie a mauvaise reputation. Il y a tres peu d'autoroutes (tant mieux!) et pas vraiment de grands axes, plutot un grand labyrinthe de petites routes. Et notre carte (toute l'europe) n'est pas tres precise. Nous prevoyons donc de mettre 2 ou 3 jours a parcourir les 420km qui nous separent de Sarajevo. Une voiture s'arrete. Le chauffeur va bien a Slavonski Brod, destination ecrite sur notre panneau, mais apres il continue jusque... Sarajevo! Nous sommes vraiment vernis!



Notre chauffeur s'appelle Zoran. Il est Croate mais a vecu pendant 30 ans a Sarajevo, qu'il a fuit a cause de la guerre. Il nous parle beaucoup de ce conflit, les dix premiers jours en Slovenie, l'annee en Croatie et les 4 annees terribles en Bosnie. Pendant les 200 premiers km, nous longeons la frontiere bosniaque pendant 1h30 sur l'autoroute. Puis nous entrons en Bosnie pour les 220km restants, qui nous prendrons plus de 3h! Apres la frontiere, nous croisons une zone ou les combats ont ete particulierement violents. De nombreuses ruines sont encore la 15 ans apres. C'est assez impressionant. La zone que nous traversons est minee sur la droite de la route. Je n'ai plus du tout envie de pisser! Zoran nous parle de la situation de la
Bosnie, pays compose de 3 communautees (Serbes/Orthodoxes, Croates/Catholiques et Bosniaques/Musulmans) qui ne s'entendent pas. Encore aujourd'hui, la paix est fragile. Le pays est divise entre une partie Serbe, dont la capitale est Banja Luka, et une partie Croate/Bosniaque dont les capitales sont Mostar et Sarajevo. Sarajevo est la capitale de l'ensemble, de la Bosnie-Herzegovine. Nous traversons plusieurs villages avant d'atteindre les montagnes. Mais il est tard et la nuit s'et installee. Nous n'auront pas la chance de les voir.

Lorsque nous arrivons a Sarajevo, Zoran nous invite dans un restaurant pour deguster le cevapcici (prononcer Chevapcheche), plat traditionnel bosniaque. C'est un regal et nous comprennons ce qu'il voulait dire quand il nous expliquait que ses meilleurs souvenirs de Sarajevo sont dans son estomac! Il accepte nos remerciement sans broncher. C'est une generosite magnifique, pure, vraie. Nous trouvons un parc pour dormir, en attendant le lendemain ave impatience pour decouvrir cette ville dont on nous a tant parle.

Nous sommes reveilles par quelqu'un nous expliquant en bosniaque (mais c'etait tres clair) qu'on devait partir vite. Il fait tres froid a Sarajevo. Nous grelottons dans les rues en cherchant un endroit pour boire un cafe bien chaud. Vers 11h, la temperature remonte et nous abandonnons nos projets d'achat de gands et d'echarpes supplementaires. Nous parcourons les petites ruelles du centre de Sarajevo.
C'est une ville a majorite musulmane, avec des mosquees partout. elle a ete pendant 500 ans dans l'empire Ottoman et la vieille ville est donc tres orientales. C'est un labyrinthe de petites rues remplies de petits commerces de cuir et de ferronerie, de tissus et d'objets orientaux en tout genres. On se croirait presque a Istanbul. En tout cas on sent qu'on s'en rapproche. Nous montons vers un chateau surplombant la ville. Sur la route, nous croisons un cimetiere musulman ou les tombes datent presque toutes de 91-95...

En haut, nous avons une vue superbe. Nous y discutons avec des jeunes bosniaques. Ensuite, un groupe d'etudiantes voilees nous abordent en nous offrant des biscuits apero. Elles nous invitent a nous joindre a elles. Elles sont originaires de Turquie, pays qu'elles ont fui pour pouvoir continuer a porter leur voile. Nous sympathisons, puis nous elles nous invitent a dejeuner dans un restaurant. Elles nous emmenent ensuite dans un parc a la sortie de la ville. Nous traversons donc Sarajevo en Tramway. En dehors du centre ville, c'est une ville grise et terne, toute en beton, dans un style sovietique et tres abimee par la guerre, bien plus que Zagreb. Elle a ete assiegee pendant plusieurs annees et en a ete tres marquee. Pour atteindre le parc, nous marchons pendant quelques km sur une route toute droite ou passent des carioles. Le parc est fort jolie, avec un reseaux de petites rivieres allant de petit lac en petit lac. Nos camarades rentrent en ville mais nous restons. C'est l'endroit parfait pour dormir, mais sous tente cette fois.


Nous sommes restes trois jours a Sarajevo et cette ville restera un souvenir inoubliable. Il y a une ame a Sarajevo, ce qu'il n'y avait pas a Zagreb par exemple. Nous y avons fait de nombreuses rencontres car les gens sont agreables et engagent facilement la conversation. Les musulmans sont des gens particulierement
acceuillants, qui aimentpartager avec les voyageurs. Les prix sont particulierement bas. Nous avons pu y decouvrir de nombreux produits . Les clementines terribles! Nous avons mange du pain cuit au feu de bois, des marmelades aux poivrons, des tas de legumes, du the bosniaque, du cafe turc, ... Le dernier jour, nous rencontrons Khaled, qui travaille pour le gouvernement du Koweit. Il nous offre des cafes puis nous invite chez lui. Nous y prenons une douche (il etait temps...) et y degustons plusieurs mets orientaux. Il nous propose de rester pour la nuit mais nous declinons tant bien que mal son invitation. Nous avons encore de la route, de nombreuses choses a voir...

1 commentaire:

  1. superdobro!!
    je savoure vos écrits! et je ne peux qu'acquiescer devant la majestuosité de Sarajevo à côté de laquelle Istanbul c'est comme, heu...York comparé à New York! le parc où vous avez dormi c'est aux sources de la bosna? au bout de la ligne de tramvaj?
    En plus la BiH c'est un peu le premier pays où on se sent dépaysé n'est-ce pas? même si j'aime bien aussi zagreb et la cote croate, où il y a la MER!
    pour mostar c'est vrai que c'est déprimant sous la pluie mais c'est très agréable s'il fait beau, malgré les touristes l'été. et vous avez oublié de dire que le pont est magnifique avec la Neretva turquoise qui passe en dessous.
    C'est dommage que les photos soient pas plus grandes. et pis les mecs dessus ont l'air bien niais parfois.(vous)
    Aussi, en tant que spé-cia-li-ste de la question, je me permets de jeter le gant quand vous dites que la Slovénie est le dernier pays avant les Balkans, car bcp de gens l'inclue dedans (héritage communiste/appartenance yougoslavie/civilisation "matérielle", etc) c'est un sujet très discutable et très discuté, même si bcp de slovènes diront que les Balkans commencent en Croatie. Je me borne à donner mon avis qui est que la définition d'une région est avant tout une question politique et que, à mon avis, les Balkans ça commence à Villeneuve-d'Ascq.
    Bonne route et à bientôt! séchez bien. bécots de ch'nord-ouest
    Vivijan

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