vendredi 5 novembre 2010

De Sofia a İstanbul.

Vendredi 5 Novembre, jour 60.

Nous sommes arrives a Sofia completement epuises. Nous avons voyage toute la nuit pour quitter la Serbie dans le delai de 24h qui nous etait impose, dans des bus pas franchement confortables. De plus, nous avons besoin de nous remettre de nous remettre de nos emotions liees a ces 5 jours que nous avons passes en prison. La fatigue et la joie d'etre enfın libres nous rend euphoriques. Nous rions pour un rien. Nous decidons de prendre une chambre d'hotel pour nous reposer. Nous marchons vers le centre de Sofia et tombons sur un call center d'ou nous pouvons enfin donner des nouvelles a nos familles qui devaient commencer a s'inquieter. En sortant, nous voyions un hotel au fond de la courree. Il n'a pas l'air bien cher vu d'ici. Nous y montons pour nous renseigner. Les chambres sont a 25 euros mais nous sommes hors saison. Nous la negocions donc a 15 euros et ca marche! Nous nous installons dans la chambre et nous effondrons sur nos lits. La fatigue a raison de nous et nous dormons jusqu'au milieu de l'apres midi.



Nous sortons ensuite nous promener un peu. Nous deambulons au hasard des rues. Nous croisons un marche et flannons au milieu des etals de fruits et legumes. Nous passons devant des eglises orthodoxes, des eglıses chretiennes, une synaguogue et de nombreuses mosquees. İci comme a Sarajevo, quatre religions sont representees dans un petit perimetre.
La synaguogue est splendide, surtout qu'il commence a faıre sombre et que la facon dont elle est eclairee la met encore plus en valeur. Nous passons dans un joli marche couvert ou nous achetons de quoi diner et rentrons dans notre chambre. Ca nous fait vraiment un drole d'effet d'avoır une chambre pour nous. Ca faisait tellement longtemps que nous ne nous etions pas sentis chez nous.


Le lendemain, nous nous reveillons tard et nous sentons que nous avons besoin de plus d'une nuit pour nous remettre. Nous descendons negocier avec le gerant de l'hotel. Nous lui disons que nous voulons rester mais seulement s'il nous laisse la chambre a 10 euros la nuit. En cette saison, il se retrouvera avec une chambre vide s'il refuse et il accepte logiquement notre proposition. Pour une chambre d'hotel en centre ville de Sofia, capıtale de la Bulgarie, c'est vraiment un tres bon prix! Tout heureux de pouvoir nous promener sans nos sacs sur le dos, nous partons a la recherche du quartier touristique, alors que la neige tombe autour de nous. Nous decouvrons que nous logeons a seulement quelques centaines de metres du centre historique. Cet hotel est vraiment tres bien place. Nous parcourons des rues aux pavees jaunes qui leur donnent un aspect tres joli, dans un style viennois. Dans le centre, nous voyions des batiments gigantesques qui datent de la periode sovietique de Sofia, et qui arborent un style socialiste tres classique. Nous voyions egalement d'autres batiments datant des autres periodes de l'histoire de la ville, a savoir la periode Ottomane, jusqu'en 1879, ou de l'empire Bulgare durant laquelle la cite s'est beaucoup modernisee.




 
Nous decouvrons egalement la Cathedrale St Alexandre, la plus grande cathedrale orthodoxe, magnifique avec ses domes dores mais si sombre a l'interieur. Entoures de batiments modernes, nous tombons sur l'eglise st Georges, petite eglise romane datant du 4e siecle. Nous croisons egalement une magnifique eglise russe nommee l'Eglise de St Nicholas le faiseur de miracles, d'une taille modeste mais dans un style tres fin, aux couleurs blanches et vertes et aux coupoles dorees.
Nous restons ensuite encore une nuit de plus et pouvons donc profiter de la ville une journee supplementaire. Nous nous sommes alors promenes dans les quartiers moins touristiques, nous impregnant de la ville, de l'architecture de ses batiments plus communs. Ce jour la nous sommes aussi tombes sur le Theatre Natıonal İvan Vazov qui est le plus vieux theatre de Bulgarie. Nous nous sommes promenes a l'interieur du campus de l'universite de Sofia, situee dans un tres imposant batiment.



Apres 3 nuits dans cet hotel, nous nous sentons vraiment beaucoup mieux. Ces deux journees a faire tourisme nous ont reconcilie avec notre voyage. Ce matin, il fait un tres beau. Le ciel est bleu et le soleil nous rechauffe malgre le froid sec qui s'est installe. Nous nous remettons en route. Nous cherchons le bus qui pourra nous emmener a la sortie de la ville pour pouvoir faire du stop vers Plovdiv, notre prochain objectif. Tous les panneaux sont en alphabet cyrilique ce qui rend l'orientation vraiment complexe. De plus, le reseau de bus a Sofia est tres dense. İl est donc tres difficile de s'y retrouver. Nous prenons un premier bus, puis un second mais il semble que nous ayons fait fausse route avec le second. Nous corrigeons cette erreur en marchant deux ou trois kilometres et nous retrouvons sur la trois voies qui sort de Sofia. Nous tentons de faire du stop sur cette route mais les voitures roulent trop vite.
İl semblent que le stop ne soit pas facile en Bulgarie car les regards des automobilistes ne sont pas engageants. Un bulgare parlant francais nous confirme cette intuition en nous affirmant que le stop est impossible en Bulgarie. Nous ne voulons pas abandonner si vite et attrapons un bus qui passe pouvant nous emmener plus loin vers la sortie de la ville. Nous sortons de ce bus trop tot et devons encore marcher 3 kilometres avant de pouvoir retenter de faire du stop. Nous arrivons a un petit restaurant sur le bord de l'autoroute. Nous demandons aux gens s'ıls vont a Plovdiv et si ils peuvent nous emmener mais ils sont assez reticents. Nous finissons par convaincre deux jeunes mais nous devons insister un peu pour qu'ils acceptent.



Ils nous deposent a un carrefour ou un panneau indique Plovdiv a 1km. Nous marchons donc vers la ville. Vu d'ici, Plovdiv a l'air tres moche. Nous ne voyons que les immeubles delabres des quartiers peripheriques. Les premiers batiments ont l'air de se situer a bien plus qu'un kilometre. Nous continuons a marcher mais la ville met bien du temps a arriver. Nous commencons a soupconner qu'un zero ait ete efface de ce panneau lorsqu'un bus passe. Nous y montons. Nous demandons a un passager sı ce bus va au centre ville. İl semble nous indıquer que nous sommes dans le bon bus mais se renseigne autour de lui. İl cherche quelqu'un parlant anglais pour nous aider. Sympa! Un jeune deboulle du fond du bus et viens s'assoir avec nous. İl s'appelle Simeon, vit a Plovdiv et etudie dans une universite İnternationale. Son anglais est donc excellent. İl nous confirme que nous sommes dans la bonne direction et nous propose de nous faire visiter la ville. İl a travaille comme guide pendant l'ete et connait donc Plovdiv parfaitement. Nous acceptons naturellement cette si gentille proposition.


Nous attendons Darina, sa copine, et nous partons ensemble pour une visite, de nuit, de Plovdiv. Nous ne voyons pas grand chose car il fait noir mais au moins nous saurons ou aller le lendemain. Nous passons prendre de quoi diner et achetons une bouteille de biere que nous voulons partager avec nos deux amis. Sur le chemin, nous croisons deux soeurs canadiennes venues de Vancouver, qui cherchent leur hotel. Elles ont l'air pommees et Simeon se proposent de les aider. Avant ca, elles se joignent a nous et nous allons dans le parc du Tsar Simeon pour boire la biere. Nous passons un agreable moment et nos deux guides semblent ravis de passer une soiree avec quatre etrangers. Nous discutons avec les deux canadıennes de nos souvenirs du Canada (Tim et moi avons passe 5 semaınes en Colombie Britannique, dans la region de Vancouver, en 2006). Nous commencons a grelotter et nous remettons donc en route a la recherche de l'hotel des deux soeurs. Ca nous prends pas mal de temps mais finissons par trouver. Nous repartons ensuite avec Simeon et Darina vers un parc surplombant la ville, ou nous pourrons dormir sans etre vus. Nous y plantons notre tente et y passons une bonne nuit, malgre les hurlements d'un type semblant bien alcoolise, a quelques metres de la tente!


Le lendemain nous avons une tres agreable surprıse en nous reveillant car nous n'avions pas vu le parc la veille, dans le noir. Nous dominons toute la ville de la ou nous sommes. Nous sommes dans les ruines de ce qui semble etre un chateau surplombant jadis la ville. İl fait tres beau et faisons secher la tente, jouant de la guitare en patientant. Nous bouclons nos sacs et partons decouvrir la ville de jour. Nous faisons le parcours que nous avait indique Simeon la veille. Nous decouvrons une ville magnifique. İl s'agit de la plus vieille ville d'europe car son origine est datee du IIe millenaıre avant JC. Nous voyons de nombreux vestiges de sa periode romaine, amphitheatres, bains, ... Les batiments qui composent son centre historique et le centre ville sont de plusieurs styles car ici se sont succede a travers les ages les influences romaines, byzantines, slaves et sovietiques. La ville est donc magnifique, du moins en son centre, et nous sommes etonnes vu l'impression que nous en avions la veille en la voyant de loin.


Apres avoir visite la ville, nous nous dirigeons vers la gare afin de nous renseıgner sur le prix du train pour istanbul. Nous sommes sceptiques sur nos chances de faire du stop vu notre experience de la veille. De plus, notre prochaine etape nous fera traverser la frontiere turque ou les controles sont importants. Nous avons peur que cet element refroidisse encore d'avantage les automobilistes bulgares, deja peu enclins a prendre des auto-stoppeurs. Deux jeunes nous accompagnent gentıllement jusqu'a la gare que nous avions du mal a trouver (les panneaux sont encore en cyrilique...). A la gare, on nous renvoie vers un bureau situe plus loin sur le boulevard, charge du trafic international. Le train est tres bon marche et nous optons donc pour cette solution. Nous nous promenons encore dans la ville en attendant l'heure de notre depart. Nous rencontrons deux etudiants, Martin et Taduko, l'un allemand, l'autre Japonais, en annee Erasmus a İstanbul, en voyage en bulgarie pour "rafraichir" leurs visas. İls prendront le meme train que nous car ils rentrent maintenant a İstanbul. Simeon passe a la gare juste avant notre depart pour nous dire au revoir.


Dan le train, nous rencontrons Lorraine, une australienne en voyage autour de l'Europe depuis trois mois. Nous picolons avec elle, Martın et Taduko, mettant en commun les quelques victuailles que nous avions chacun amene dans le train. Nous rencontrons ensuite un groupe de six etudiants amerıcains etudiant egalement a İstanbul. Nous passons un moment avec eux, jusqu'au passage de la frontiere Bulgare, ou nous restons une bonne heure en attendant que le traın soıt controlle. Un des controlleurs du train nous demande si nous avons prevus d'acheter de l'alcool au duty-free a la frontiere turque. İl nous donne plus de 60 euros en liquide avec pour mission de lui prendre autant de bouteilles de Jack Daniel's que nous pourrons. Ces achats sont limites a une bouteille par personne, avec controle des passeports a l'appui. Comme nous sommes nombreux, ca ne pose pas de probleme. A la frontiere turque, nous sommes arretes plus de deux heures. İl est pres de 2h du matin et nous attendons dans un bureau qu'un douanier daigne venir au guichet nous controler. Lorsqu'il arrıve, il controle chaque passeport avec zele et met un temps fou a venir a bout des nombreux passagers attendant de pouvoir aller se recoucher. Une fois retournes dans le train, celui ci ne redemarre toujours pas et un autre douanier recontrole encore tous les passeports, toquant aux portes des cabines des passagers qui s'etaient rendormis. Vers 4h du matin, le train redemarre enfin et nous allons nous coucher.


Notre train devait arrıver a 7h50 a İstanbul. İl est 9h30 lorsque nous sortons du train! Mais peu importe, nous sommes a İstanbul!!!!! Apres pres de deux mois de voyage, 3210km de stop, 540km de bus et 670km en train, nous voici a destination! Notre voyage a travers l'europe s'acheve ici car nous allons maintenant rester dans cette ville  gigantesque pour la decouvrir le temps de quelques semaines. Here we are!!!!!!!

jeudi 28 octobre 2010

De Podgorica a Sofia

Jeudi 28 Octobre, Jour 52.

Pour notre deuxieme nuit a Podgorica, nous cherchons un endroit au sec car cela fait maintenant plusieurs jours que la pluie nous suit et nous sommes trempes. En suivant la riviere qui traverse la ville, nous passons sous un grand pont. Ca a l'air bien et nous prevoyons de nous y installer. Je vais chercher de l'eau dans un bar situe juste au dessus. Il y a 4 personnes, qui n'en sont visiblement pas a leur premiere biere, qui semblent trouver etrange que je reclame de l'eau. Ils m'invitent donc a boire une biere avec eux. L'un d'eux parle anglais et nous pouvons donc discuter. Je m'empresse de boire le demi litre qu'ils m'ont offert et vais chercher Tim qui commencait a s'inquieter de ne pas me voir revenir. On retourne dans ce bar et ils nous offrent encore un litre chacun. Nous passons un moment agreable avec nos amis qui ont l'air ravi de discuter avec des etrangers, et repartons ensuite nous installer sous le pont. 



Lorsque nous y arrivons, il y a pleins de jeunes qui picolent a l'abri de la pluie. Nous engageons la discution avec eux. Ils parlent tous un tres bon anglais et sont tres acceuillants. Ils sont heureux de discuter avec deux Francais et le courant passe tres bien. Nous sommes apparement tombe sur le lieu ideal ou les jeunes les plus sympas de Podgorica ont l'habitude de se retrouver. Nous nous faisons de nombreux amis et passons le reste de la soiree avec eux. Deux d'entre eux nous invitent ensuite a boire un rakija dans leur bar habituel. Nous les suivons et decouvrons cet alcool. Le serveur nous ramene des verres pleins aussitot que nous en avons termine un et nous devons refuser les derniers car ils faut etre a peu pres alerte pour dormir dehors! Ils nous deposent ensuite sous le pont que nous avions quitte et passons une bonne nuit a la belle etoile et au sec.



Le lendemain, nous partons a la recherche d'une laverie pour nos vetements. Sur la route, nous rencontrons deux israeliens qui recherchaient la meme chose que nous. Apres avoir bu un cafe avec eux, nous partons trouver une laverie et y deposons nos vetements. Nous mettons nos affaires en commun avec nos deux comperes et partageons les frais. Ils ne seront prets qu'a 18h. Nous avons donc une journee devant nous pour nous reposer. Nous avons de la chance car il fait beau aujourd'hui. Nous nous installons pour la journee dans le parc situe a cote du pont ou nous avions dormi. Nous pouvons faire un brin de toilette dans la riviere et faire secher nos affaires. Nous retrouvons deux de nos amis de la veille et passons encore un bon moment avec eux. Ils nous emmenent acheter le meilleur Burek de Podgorica. Un vrai regal! Nous ne sommes pas loin d'adopter un petit chat qui passe l'apres midi avec nous. Nous le baptisons Cevapcici!




Nous partons ensuite recuperer nos affaires. Comme il est 18h passees, il fait deja sombre. Nous ne pouvons donc pas repartir en stop. Nous passerons donc une nouvelle nuit a Podgorica. Comme il ne pleut pas, nous decidons de nous installer dans un coin plus tranquille et discret, a quelques metres du pont, pour dormir a la belle etoile. Vers 3h du matin, nous sommes reveilles par la pluie. Il doit pleuvoir depuis une bonne heure car nos tapis de sol sont trempes et nos sacs de couchage commencent a prendre l'eau. Il faut reagir! Nous remballons nos affaires en vitesse et courons nous refugier sous le pont. Il souffle un bon vent et pouvons donc secher a peu pres nos affaires, puis nous rendormons.




Le lendemain matin, nous sommes reveilles par les voitures qui essaient de se garer a l'endroit ou nous dormons. Nous partons donc en vitesse. Il pleut encore et nous buvons un cafe en attendant que ca se calme. Nous quittons ensuite la ville et faisons du stop a cote d'une station essence. Au bout de trois quarts d'heure, nous partons en direction de Kolasin. Notre chauffeur ne parle pas anglais et nous ne pouvons pas communiquer. Nous regardons donc la route qui est magnifique. Nous sommes au milieu des montagnes et suivons un superbe canyon pendant plusieurs kilometres. 
Nous restons ensuite bloques une heure par des travaux dans un des nombreux tunnels qui jalonnent cette route. Nous repartons et passons devant Kolasin. Notre chauffeur va plus loin et nous continuons avec lui. Les couleurs de l'automne sont de plus en plus marquees et les sommets que nous croisons de plus en plus hauts. Nous roulons ainsi au milieu d'un tres beau paysage montagneux. Notre chauffeur nous depose a un croisement et nous indique notre direction. Il est deja tard et nous n'avons qu'une heure avant que la nuit ne tombe. Il y a peu de passage sur cette route et esperons etre pris rapidement car nous n'avons pas beaucoup de nourriture et peu anvie de passer la nuit sur le bord de la route. 

Heureusement, Erko, un slovene d'une trentaine d'annees s'arrete pour nous emmener. Il est tres marrant. Il parle un melange de slave, d'allemand et d'anglais. Quelques kilometres avant Rozaje, il tombe en panne d'essence! "Katastropha, benzina, kaput!" Nous attendons une bonne demi heure , dans le noir degustant nos premiers mantija avant que son oncle n'arrive avec de l'essence. Nous arrivons a Rozaje et ils nous invitent a boire un verre. Nous passons donc quelques temps avec Erko, son oncle et son cousin. 
Il nous depose ensuite dans le centre ou nous faisons quelques courses avant de chercher un endroit ou dormir. Nous demandons a trois charmantes jeunes filles s'il y a un parc ou dormir. Rozaje est une toute petite ville , un village meme, et il n'y a donc pas de parc. Mais notre chance est que cette region est musulmane et que l'hospitalite n'y est pas un vain mot. Apres avoir passe deux coup de fils, elles nous emmenent chez l'oncle de l'une d'elles, qui a accepte que nous dormions dans son jardin. Nous les remercions et installons notre tente pour la nuit.



Lorsque nous nous reveillons, nous dejeunons tranquillement installes sur les meubles de jardin. N'ayant pas rencontres nos hotes, nous ecrivons "hvala" (merci) avec des branches sur la table et partons. Nous nous promenons un peu dans la ville et voyons deux tres belles mosquees. Nous prenons un cafe. Il y a une flaque de sang juste a cote et beaucoup de policiers. Il y a eu un reglement de compte ce matin. Rozaje est une ville aux mains de la mafia locale, un point de passage strategique sur la route de la drogue, entre Istanbul et l'europe. 
Nous repartons faire du stop et n'attendons que 5 minutes avant qu'une voiture ne s'arrete. Il y a deja 4 personnes dedans et ils se serrent pour nous faire entrer. Nous parcourons encore cette magnifique route au milieu des montagnes. A la frontiere serbe, nous ne sommes pas controles car la personne qui nous emmene passe par la tous les jours et connait les douaniers. Nous ne voyons donc pas nos passeports tamponnes, ce qui sera lourd de consequence pour nous par la suite... 







Nous voulons aller au Kosovo et notre chauffeur part vers le nord de la Serbie. Nous sommes donc deposes au croisement. Nous sommes sur une route quasi deserte. Les rares automobilistes qui passent nous jettent des regards mauvais. Le paysage est magnifique mais notre premier contact avec la Serbie n'est pas rassurant. Nous attendons 3 heures et aucune voiture ne s'est arrete. 
Nous commencons a desesperer et faisont une croix sur le Kosovo. Nous allons donc faire du stop sur la route qui remonte vers le coeur de la Serbie. Il commence a faire sombre et personne ne s'est encore arrete. Nous n'avons pas d'argent sur nous et sommes dans un minuscule village ou il n'y a pas de banque. Il faut absolument que nous rejoignons une ville si nous voulons manger ce soir! Un bus passe qui va a Novi Pazar, la premiere ville de Serbie sur notre route. Le ticket ne coute qu'un euro et decidons donc de la prendre. Nous sortons ainsi de ce mauvais pas, pleins de doutes sur les serbes!




Arrives a Novi Pazar, nous cherchons un endroit pour dormir. On nous indique un parc mais il est petit et nous ne pouvons pas nous y installer. Nous continuons notre route en suivant la riviere a la recherche d'un pont sous lequel dormir a l'abri de la pluie. Nous en trouvons un un peu eloigne du centre et relativement propre. Nous nous y installons. Quelques temps apres, deux policiers arrivent pour nous controler. Nous leur presentons nos passeports et ils fouillent nos sacs. Ils nous demandent de les suivre au commissariat. Nous les suivons donc en nous demandant ce qu'ils nous veulent. Apres avoir attendu une bonne heure, un inspecteur nous emmene dans son bureau. il passe de nombreux coups de fils. 
Ca a l'air complique, mais il ne parle pas anglais et ne peux donc pas nous expliquer ce qui se passe. une demi heure plus tard, une interprete arrive. Elle nous explique que nous sommes entres illegalement sur le territoire Serbe car nos passeports n'ont pas ete tamponnes a la frontiere. Nous lui expliquons pouquoi nos passeports n'ont pas ete tamponnes mais notre explication ne leur convient pas. La traductrice nous explique que nous allons devoir passer quelques jours en prison, le temps que nous soyions juges, et devoir payer une amende. Nous commencons a trouver cette histoire nettement moins distrayante! Notre avocat  commis d'office arrive et controle nos depositions. Il nous rassure en nous disant que la prison est correcte, que ce n'est qu'une question de jours. Il nous explique aussi que nous sommes sur la route de la drogue et que nous intriguons les autorites: Deux auto-stoppeurs qui n'ont pas leurs papier en regle, hors-saison...

Nous partons donc en direction de la prison de Novi Pazar. Nous sommes fouilles puis nous deposons nos objets precieux qui sont consignes. Nous laissons nos sacs aux gardiens. On nous emmene ensuite chacun dans une cellule. Nous avons passes 5 jours dans cette prison, dans des cellules differentes, avant d'etre liberes. Nous etions completement paniques les premiers jours. Mais la realite des prisons est differente de ce qu'on imagine. Nous n'avons subi ni violence, ni viol, ni vol. Pour Tim comme pour moi, nous etions dans des cellules avec six autres detenus. La plupart d'entre eux etaient sympas et faisaient en sorte que cela se passe bien pour nous, nous protegeant des detenus moins sympas. J'avais peur d'etre vole et je suis sorti de cette prison avec plus d'objet que je n'y avais ammene. Le plus dur etait que les journees etaient tres longues, etant reveilles a 6h30 et pas couches avant minuit. La television etait en serbe, avec des programmes musicaux qui nous ont tout deux rendus allergique a la musique serbe. 
Nous ne pouvions pas avoir de discussion car les autres ne parlaient que le Serbe. Il etait egalement assez dur psychologiquement de les entendre rire en parlant des "francuzi", sans pouvoir comprendre ce qu'ils disaient. Surtout, nous ne savions pas combien de temps on allait rester enfermes et nous gambergions toute la journee en nous imaginant moisir la pendant des semaines... La nourriture est assez mauvaise. Nous avons ete liberes a l'issu du proces et avons du payer une lourde amende. La privation de liberte est ce qu'on peut infliger de pire a un etre humain. Ce voyage a pour but d'etre initiatique et cette experience l'a vraiment ete! Nous avons pu decouvrir la vie des prisonniers, vivre leur quotidien. Cela n'a dure que quelques jours mais eux sont la pour des annees! Ce fut une experience tres difficile mais enrichissante.

Une fois liberes, nous savourons notre liberte, mais nous avons 24h pour quitter le territoire de Serbie. Notre interprete (une femme formidable) nous offre un cafe et des mantija et nous indique ou prendre un bus. Il y en a un qui part a 22h pour Nis, ou nous trouverons un autre bus pour Sofia en Bulgarie. En attendant le bus, nous discutons avec des serbes qui se foutent de nous quand nous leur disons que nous sommes francais. ces gens n'ont pas l'air d'apprecier les etrangers. Notre bus a du retard et nous commencons a etre inquiets car nous voulons vraiment partir en respectant le delai. Nous ne voulons plus avoir d'ennuis! Il arrive finalement avec une heure de retard. Le chauffeur est moins aimable qu'une porte de prison (et je sais de quoi je parle...). Il jette nos sacs dans la soute et ne nous rend pas notre monnaie lorsque nous payons les billets. Decidement, ces serbes, ils commencent a nous plaire! 

Nous roulons pendant pres de 5 heures et arrivons a Nis au milieu de la nuit. Nous cherchons un distributeur pour payer les billets pour Sofia et les gens a qui nous demandons de nous  en indiquer un nous aboient dessus plus qu'ils nous repondent. Un jeune fini par nous aider. Nous prenons nos billets et partons a 4h30 pour Sofia. Le chauffeur de ce bus est encore plus desagreable que le dernier, ce qui n'est pas peu dire. A la douane, nous presentons notre avis d'expulsion au policier. Le chauffeur mime un coup de pied au cul, semblant ravi qu'on expulse des etrangers de son pays. Ca fait beaucoup rire les autres passagers. Notre image de la Serbie est surement biaise, mais nous recommandons vivement de ne jamais y aller! Les jeunes sont sympas mais les plus ages detestent les etrangers. Le passe peut surement expliquer le nationalisme des plus anciens... Nous ressentons un profond soulagement en passant la frontiere Bulgare. Nous avons traverse pas mal de pays depuis le debut de notre voyage et les gens que nous avons rencontre en Serbie etaient, a quelques  rares exceptions pres, tres nettement plus desagreables que les habitants des autres pays des Balkans. Si vous avez des temoignages susceptibles de nous reconcilier avec ce pays, ils sont les bienvenus...


Nous arrivons a Sofia a 8h du matin et des les premieres minutes, nous nous reconcilions avec notre voyage. Des sourires, des formules de politesse... Incroyable! C'est decide, a Sofia, nous dormirons a l'hotel car nous avons besoin de nous remettre de nos emotions de Serbie.